Sauvons La Salmagne : Mobilisation pour l’Aérodrome de Maubeuge face au projet de destruction économique et environnemental

Dans le cadre du projet de l’agglomération Sambre Avesnois de créer une zone industrielle à l’emplacement de l’aérodrome de La Salmagne et des terres agricoles jouxtant l’aérodrome, nous avons rencontré un représentant du collectif de défense luttant pour la préservation du site. Cette visite nous a permis de mieux appréhender l’activité de La Salmagne et les enjeux associés.

Le terrain de La Salmagne est en activité depuis fort longtemps. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il avait été utilisé par les Allemands. La piste d’envol, désormais allongée à 1300 mètres, peut accueillir des avions plus lourds, tels que des bimoteurs. Un avion de type C130 a déjà atterri sur cette piste. Nous avons découvert qu’il s’agit d’un centre intégré pour toutes les activités aériennes, comprenant :

  • Un club de parachutisme qui organise des compétitions annuelles, y compris des championnats de France.
  • L’aérodrome, qui abrite des avions de différents propriétaires, offre des baptêmes de l’air et assure des liaisons avec d’autres villes.
  • En plus des avions, des ULM et des autogires y volent également.
  • Une piste pour l’aéromodélisme a été créée.
  • L’aérodrome est aussi un important centre de formation pour les pilotes d’avions et d’ULM. La société ABC Flight ULM, disposant de 4 avions et 2 ULM, a réalisé un important investissement sur le site, incluant l’acquisition d’un simulateur de vol. Douze pilotes et deux instructeurs travaillent sur le site, et 45 élèves, y compris des mineurs, y sont formés.
  • L’aérodrome de La Salmagne collabore avec l’aérodrome de Charleroi pour les activités de formation.
  • Le dirigeant de la société ABC Flight, en sa qualité d’ingénieur civil, construit des autogires et a un projet qui pourrait créer 3 à 4 emplois sur le site.

Concernant le projet d’implantation, un certain flou règne. Contrairement à l’implantation de Toyota sur le site d’Onnaing où un accord avait été signé avec les Japonais avant l’installation, diverses rumeurs circulent. Il est question d’une gigafactory, d’une entreprise agroalimentaire ou d’une usine de fabrication de médicaments. De plus, un flou subsiste concernant la superficie qui sera occupée, suite à des protestations d’agriculteurs. Une visite sur place a montré que les routes, très étroites menant au terrain, ne sont pas adaptées et devront être élargies. Une partie de la zone appelée « fort de La Salmagne » devra être déminée, suite à l’occupation allemande, pour un coût estimé à 160 millions d’euros. Un problème de captation des eaux se pose également : la création d’une gigafactory nécessiterait un apport d’eau en grande quantité, alors qu’un problème existe déjà dans l’Avesnois concernant le transfert d’eau des champs vers l’agglomération lilloise. Une installation électrique complète serait également nécessaire pour une entreprise d’envergure.

Loin d’ignorer les problèmes de chômage dans le bassin de la Sambre, il est pertinent de se demander pourquoi les friches industrielles de notre région ne sont pas réutilisées. Par ailleurs, il semble que les membres de l’association de défense de La Salmagne ne soient pas informés des délibérations prises par l’agglomération. Cette incertitude sur le devenir de l’aérodrome a un impact néfaste à court terme, notamment sur le renouvellement des contrats temporaires (AOT), qui à partir de septembre seront limités à six mois, ainsi que sur la possibilité de fabrication d’autogire, pour lequel un investisseur compétent est déjà sur place.

Nous avons été très bien accueillis à La Salmagne et avons reçu des explications claires qui nous amènent à conclure que sans éléments supplémentaires, ce projet ne doit pas aboutir

. Il serait regrettable de détruire un site fonctionnel et promis à un développement futur pour un projet encore hypothétique.

Debout la France propose de sauvegarder La Salmagne, d’en dévier la RN54 selon un projet de contournement qui occasionnerait beaucoup moins d’impact environnemental et moins d’expropriations de terres agricoles, par exemple en transformant une ancienne friche industrielle dans un autre territoire des Hauts-de-France, si un véritable projet concret de réindustrialisation est officiellement acté.

André Courte
Délégué de la 3ème circonscription du Nord

Retrouvez l’intervention de Marjorie Lepinoy, militante engagée du secteur et de Maël Camerlynck

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